Recette (de cuisine)
pour réussir ses projets (en général)
et son projet de vie (en particulier)
On a dit, à juste titre, qu’il n’existe pas de système infaillible et « clé en main » pour réussir ses projets. Pour pallier cette carence, voici quelques principes présentés sous la forme d’une recette de cuisine. |
La recette :
- Prenez une bonne portion de conviction (dans certaines régions on appelle cette denrée : « croire »)
- Ajoutez délicatement un gros morceau de vouloir, puis,
- Incorporez lentement le nécessaire prix à payer.
- Observez les premiers frémissements de la réussite. Laisser alors mijoter votre projet au feu doux de la patience jusqu’à la perfection du résultat désiré.
- N’oubliez pas d’introduire dans votre projet la saveur et la valeur de l’éthique, elle seule permet de maintenir ses projets dans une finalité de bien commun.
- Si vous ne disposez pas de l’ensemble des ingrédients dans votre réserve, vous les trouverez certainement au marché du partenariat.
Éclairage sur les principales notions évoquées :
1) La conviction (ou le fait de croire, d’espérer) :
Ces proches notions sont la base de tout projet, car : « la foi est la ferme conviction de ce que l’on espère, une démonstration des choses que l’on ne voit pas encore ». Il est presque impossible de commencer un projet sans une certaine dose d’espérance. Précisons qu’il ne s’agit aucunement d’une foi aveugle, bien au contraire. Il existe une forme de croyance laïque qui consiste à considérer un projet valide s’il est raisonnablement possible et réalisable dans un temps déterminé. La foi en une transcendance ou une spiritualité peut être aidante, bien entendu, mais, dans ce domaine, l’objet de la foi est secondaire. L’essentiel consiste dans la mise en mouvement des énergies indispensables pour « démarrer » le projet. Le sens de ce projet reposera sur son aspect éthique…
Nous pensons « qu’il est nécessaire d’espérer pour entreprendre et de réussir pour persévérer. L’Espérance contre toute espérance », est l’expression d’une forme de foi, et « l’énergie du désespoir » n’est rien d’autre que l’énergie de l’espoir porté au plus haut degré. C’est-à-dire l’énergie du « vouloir-vivre ».
Croire en son projet est donc le premier ingrédient de la recette qui peut nous conduire à la réussite. Il en est de la conviction comme du sel : il n’est pas besoin d’en mettre des quantités pour en sentir le goût et les effets.
2) La volonté :
La volonté vient en second et conforte la conviction, car il est courant de croire à un projet et ne pas vouloir s’y engager. Il existe plusieurs niveaux à la volonté : de la volonté organique qui recherche les moyens de subsistance, à la volonté héroïque en passant par la volonté réfléchie. C’est principalement cette dernière qui nous intéresse ici. De toute façon, une volonté bien constituée s’inscrit dans cette définition « La volonté humaine se construit par l’énergie d’une pensée se manifestant dans le temps par un acte en vue d’une fin ».
3) Payer le prix :
Tout ce qui demande usage d’énergie, déplacement de matière et réflexion à un prix. Cette remarque banale a parfois été oubliée par certains qui profite indument des efforts des autres. Dans le cas d’un projet, sa réussite est liée à l’acceptation du prix à payer. Le prix se calcule parfois en argent, souvent en énergie et toujours en temps consacré à la réalisation de ce projet. Espérer un résultat sans prix à payer c’est postuler un effet sans cause.
4) L’Éthique :
L’éthique est fondée sur une démarche intérieure qui interroge la visée des valeurs humaines dans leurs relations entre soi-même et ce qui est autre. Elle se construit par une réflexion confrontant les discours et les comportements. L’éthique est une prise de risque en direction du bien et du juste. Son intention s’exprime dans la pensée, la parole et l’action. Construire un projet sur les fondements de l’éthique est un signe de perfection morale.
5) Le partenariat :
Le partenariat permet de disposer des ressources qui nous font défaut, en particulier pour mener à bien un projet. Le partenariat est une démarche de nature coopérative. Il se fonde sur un concept éthique et non simplement utilitariste des relations humaines. Il se construit lorsque plusieurs personnes créent des relations pour partager une idée opportune. Ces acteurs, différents, complémentaires et libres, impliquent leur volonté bonne dans l’action afin d’atteindre un objectif compatible en usant de moyens adaptés.
Pour en savoir +
Bonjour,
Effectivement cet article est intéressant car il donne les ingrédients indispensables pour réussir ses projets.
Même si je comprends ce qui est expliqué par l’auteur sur la « conviction », je ne partage pas l’idée de la foi et surtout de la spiritualité qui pour moi, mais ce n’est que mon avis, reste attachée à cette notion.
Je ne dois pas avoir la même sensibilité : avoir la foi dans un projet relève pour moi d’une approche insuffisamment pratiquo- pratique.
Je préfère une méthodologie plus opérationnelle qui me permet de mesurer ce que j’ai à gagner dans un projet : si la mesure effectuée me permet d’arriver à la conclusion que le projet est atteignable et permet d’être dans une relation gagnant- gagnant, je serai convaincue du bien fondé
Mais, pense que le socle de nos réussites est avant tout la confiance en soi et l’estime de soi qui nous aide à avancer et dépasser les difficultés.
Bien à vous
S’agissant de votre dernière remarque sur la confiance en soi et l’estime de soi, il y a une idée (à laquelle j’adhère de plus en plus) qui consiste à dire que poser l’estime personnelle comme condition préalable du succès ne correspond à aucune réalité observable car on peut construire sa vie et connaître un éclatant succès sans avoir une estime de soi « en place » (selon l’expression consacrée). Comme le confirme régulièrement l’exemple, passionnant à étudier, de nos chers artistes.
Parallèlement, il est aisé de constater que le succès renforce l’estime personnelle et non l’inverse ! Ainsi, la jeune fille timide qui réussit un examen très redouté voit son potentiel de confiance en soi et d’auto-estime monter en flèche. Quoi de plus logique ?
Donc, d’après cette idée, penser que l’estime de soi et la confiance en soi conditionnent nos réussites serait devenu un poncif, une tarte à la crème dont les journaux et les articles « psycho » évoquant leurs bienfaits comme moteurs de l’action et de la transformation n’hésitent pas à user (et abuser) pour faire leurs choux gras.
Penser de la sorte, c’est-à-dire considérer que la réussite ne dépend pas du niveau d’estime de soi, donne, en conséquence (à mon sens), énooooormément d’espoir à ceux qui ont une faible confiance personnelle ! Tout est alors encore permis !
C’est sur cette même idée que l’on peut regarder aujourd’hui la psychologie clinique, consistant à se détacher des grands enseignements classiques (identifier les problèmes) pour privilégier, désormais, une pratique visant plutôt à les enfouir (ça nous vient d’Amérique depuis une quinzaine d’année, mais je ne me rappelle plus le nom des précurseurs).
En fait, la psychologie aujourd’hui reprend (inconsciemment ?), ni plus ni moins l’exemple bien connu du verre d’eau tenu dans une main, le bras tendu : combien pèse-t-il ?
En effet, nulle réponse opérationnelle n’est requise, nulle balance est utile pour vérifier ! En fait, le verre ne pèsera presque rien si vous le gardez quelques secondes, alourdira votre bras et créera des tensions désagréables si vous le tenez une heure et si vous le gardez ainsi une journée complète il vous ankylosera voire vous paralysera au risque de le lâcher malgré vous, finalement. Imaginez, alors, l’état du verre lorsqu’il percutera le sol, et imaginez les dégât occasionnés lorsque les débris se seront mélangés à l’eau et se seront dispersés dans toute la pièce et sur les meubles ! (pour bien visualiser mes propos, remplacez l’eau du verre par une sauce tomate… !)
Eh bien, voyez vous, en rapprochant cet exemple de l’idée énoncée plus haut : enfouir ses problèmes, voici comment nous pourrions l’interpréter d’une manière générale, bien entendu, chaque cas nécessitant des réflexions connexes, annexes et complémentaires :
– laissez-les passer (il ne s’agit pas de les ignorer, juste les laisser passer !), ils ne pèseront presque rien ;
– ressassez-les quelques temps, ils vous seront lourds ;
– faîtes-en la raison unique de votre vie et ils vous détruiront, malgré vous, jusqu’à l’épuisement psychique, la dépression ou le suicide.
Le psychologue, aujourd’hui, aide beaucoup dans la première phase : les laisser passer. Pour y parvenir, il utilise des outils permettant de déplacer (ou remplacer) les problèmes sur un autre objet tels l’EMDR et les Thérapies Cognitivo-Comportementales (TTC et TCCE, le E signifiant « Emotionnelles »), quelquefois l’arthérapie et le théâtre, entre autres thérapies brèves et l’hypnose.
Cela dit, pour en revenir sur la confiance en soi, les pères fondateurs des psychothérapies modernes ont oeuvrés avec profit en débusquant les freins à l’estime personnelle que beaucoup d’individus s’imposent trop souvent : refus inconscient de « tuer » psychiquement, recherche névrotique de l’approbation de l’entourage, la crainte d’affronter l’inconnu psychologique, entre autres…
Merci Jean-Marc d’avoir pris le temps de ces échanges avec moi.
Je suis tout à fait d’accord avec vous lorsque vous écrivez que la réussite ou le succès vont permettre de gagner de la confiance et de l’estime en soi.
Par contre, je doute qu’un artiste, puisque c’est l’exemple que vous prenez, passe sur le devant de la scène sans avoir un minimum de confiance en lui ou en tout cas que son entourage ne lui ai pas renvoyé le fait qu’il devait avoir cette confiance. Si par la suite il rencontre le succès, il est évident que cette confiance sera renforcée.
Sur 28 ans de carrière je pense que le management est responsable de 95 % des échecs 🙂 … et la plupart des chefs de projets sont des gens pragmatiques et valables. En résumé dans un monde idéal la recette pour moi serait de pouvoir mettre le management en cause, en particulier lorsqu’il est soumis a des contraintes politiques et absurdes qui empêchent de pouvoir simplement lui dire la réalité, donc souvent les risques, et qui a niveau équivalent ne lui permette pas de comprendre le reporting fourni
Faut-il réellement se poser la question du prix à payer ? ou simplement des gains que cela peut rapporter ? Pour ma part, les gains sont fondamentales.
Gilles,
Sauf erreur, il me semble, effectivement, qu’il faut se poser la question du prix à payer au risque de déconvenues.
Pourtant (et je suis le premier), je réfléchis souvent aux gains et me focalise dessus. C’est, à mon sens, une erreur que d’occulter le « prix à payer ». Comme le dit l’auteur ce serait « postuler un effet sans cause ».
Ceci dit, le « prix à payer » n’est pas uniquement financier. En effet, il peut être familial (selon ses convictions et ses valeurs), toujours calculé en temps (par exemple, vous travaillerez la nuit et en subirez les conséquences physiques), souvent en énergie !
Ce n’est de loin pas suffisant mais : Avoir les convictions, la volonté ( et il en faut beaucoup) et réaliser du travail bien fait, c’est déjà un bon début. C’est important de trouver l’interaction mais pas toujours évident.Il faut constamment chercher ce qui va intéresser les personnes de façon générale ou les entreprises.
Je pense que la qualité de réussite d’un projet n’a d’égal que la rétribution (ou reconnaissance) que ceux qui le réalisent en retirent. Celle-ci peut être émotionnelle pour certains, financière pour d’autres. Argent, reconnaissance, satisfaction personnelle… Elle dépend de chaque individu, de son statut, de son état d’esprit, de sa situation au moment de la réalisation. Je ne connais pas de projet, hormis des projets individuels de développement personnel volontaires et réfléchis, qui soit un projet « parfait » où toutes les parties y trouvent leur compte, quelle que soit sa forme. Le meilleur projet, dans un monde réaliste, est celui dont l’initiateur peut dire à la fin « l’objectif est atteint ».
Quant à l’éthique, elle n’est peut-être pas possible à l’échelle d’un projet, toutefois, je pense qu’elle l’est à l’échelle individuelle, et il appartient à chacun d’y croire, ou non. C’est très personnel, contrairement à ce que nous font croire les « codes of conduct » très à la mode das les multinationales, particulièrement américaines.
Une recette simple et réaliste pour entreprendre.
Cependant, j’ajouterai une dose de contrôle émotionnel qui apporte de la régulation dans la réalisation de soi. Bien se connaître et savoir nos faiblesses notamment celles qui sont le plus dures à contrôler, nos émotions est essentiel pour ne pas s’emporter avec trop d’enthousiasme ou baisser les bras en cas d’échec.
Les émotions peuvent nous emporter vers le meilleur comme le pire…
Merci à l’ISRI de nous prodiguer tous ces très bons conseils.
J’aime bien le dernier point: l’importance du partenariat. C’est fondamental de se rendre compte que un projet c’est un travail d’équipe où chacun contribue avec ses compétences spécifiques et uniques.
Moi, j’adapte le 4ème point de la recette car il y a un autre qui me convient plus:
observez les premiers frémissements de la réussite. Mijotez, adaptez le feu tout le temps et mélangez votre projet pour vous assurer qu’il ne colle pas au fond de la casserole et qu’il reste fluide. Continuez jusqu’à la perfection du résultat désire
Si vous souhaitez plus de détails . . .
• Observer le premiers frémissement de la réussite: typiquement au début d’un projet il y a de l’enthousiasme et il faut le maintenir. Un bon kick-off meeting est important pour capturer l’input de tous les membres de l’équipe de projet, s’assurer que tout le monde ait la même compréhension du projet et de son objectif et que un plan soit défini et accepté par toute le monde. Dans cette phase c’est important observer le rôle que chacun prend et les dynamique du group
• Mijoter: au début d’un projet il faut du temps pour planifier, considérer les possibilités, investiguer les alternatives, etc. La il faut gérer les attentes et la pressions des stakeholders et laisser à l’équipe le juste temps pour le travail préparatoire
• Adapter le feu tout le temps: au cours d’un projet il peut y avoir des situations imprévues, du changement, des ralentissements, des pertes de motivation. Donc il faut toujours être é l’écoute et adapter le style de management selon les besoins : pousser quand il faut, gérer les attentes, etc.
• Rester fluide: s’il y a un obstacle, il faut l’identifier, lui faire face, identifier les altératives et implications et informer les stakeholders. Il ne faut pas faire stagner le projet et il faut de la transparence pour prévenir les surprises