L’entreprise, nouveau territoire des philosophes ?
Chronique publiée le 14.11.2011 sur Le Journal du Net
Après une longue carrière dans la presse financière et dans le conseil en communication, Gilles Prod’homme, a développé une nouvelle approche du management et du leadership à partir de la philosophie. Il a publié une dizaine d’ouvrages sur le management, le développement personnel et la philosophie (Dunod, Eyrolles). Aujourd’hui, il intervient comme consultant et formateur ISRI auprès d’un public de décideurs. |
L’auteur
Gilles Prod’Homme, philosophe journaliste
consultant-formateur en management |
Avec son célèbre « J’accuse » publié dans le journal L’Aurore en janvier 1898, à l’occasion du procès Dreyfus, Emile Zola, donnait, d’une certaine façon, le coup d’envoi de la tradition de l’intellectuel à la française : un producteur d’idées surgissant dans les affaires publiques, au nom de valeurs morales.
Plus près de nous, Jean-Paul Sartre, ou dans un genre différent, Michel Foucault, ont déployé une réflexion philosophique des plus puissantes dans le champ politique.
Certes, le passage à l’action s’est accompagné de son cortège d’erreurs et de bévues. Mais une idée a survécu au naufrage. La « philo » n’est pas une discipline incapable de franchir les portes de l’université. Au contraire, sa finalité est de se confronter au réel. A sa manière, Platon, penseur politique autant que philosophe, n’avait pas dit autre chose.
Ici et là, donc, les philosophes conseillent, ouvertement ou avec discrétion, nos responsables politiques. Rien de nouveau sous le soleil. Mais depuis le tournant des années quatre-vingt dix, grosso modo, sous l’impulsion des « cafés philo » (cf. souvenons-nous un instant du regretté Marc Sautet), plusieurs professionnels du concept ont sauté le pas pour investiguer un nouveau territoire : l’entreprise.
Le Philosophe et le Manager
A priori, tout oppose les disciples de Kant ou de Husserl et les champions du CAC 40. L’argent, la rentabilité, le profit, la productivité, n’ont-ils pas été condamnés siècle après siècle, par les penseurs, d’Aristote à Théodore Adorno ? A première vue oui. Mais d’autres (Spinoza, Hegel, Simmel…) ont exprimé des idées plus nuancées. Pas sûr, donc, qu’entre le Philosophe et le Manager, le mur de l’incompréhension soit objectivement insurmontable.
Les philosophes ont donc pénétré dans l’entreprise. A cet égard, on lira avec profit l’ouvrage clé d’Eugénie Vegleris (cf. La consultation philosophique, éditions Eyrolles), de même qu’on saluera le gros travail de réflexion-action fourni par l’association au nom explicite, Philosophie & management. Fait révélateur : allonger la liste des « parties prenantes » devient chose facile.
Puisque les philosophes sont des praticiens revendiqués du « questionnement », adressons-leur, justement, une question directe, dont l’auteur de cette chronique ne s’exonère pas : pourquoi se concentrer sur l’entreprise ? Examinons les réponses.
Pour échapper à la carrière de « prof » jugée plus guère excitante ? C’est souvent le cas, mais pas toujours.
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Pour gagner de l’argent ? A ma connaissance, aujourd’hui encore, aucun des consultants-philosophes en présence sur le « marché » français, ne roule sur l’or. Le ratio énergie/temps investi/gain horaire est hautement dissuasif. Voire décourageant.
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Pour réussir à l’échelle de l’entreprise, les transformations si difficiles à obtenir au niveau de la société ? Très probablement. Raison pour laquelle, à mon sens, avec bonne volonté, sinon un brin de naïveté, nos philosophes poussent toujours plus loin « la mise en œuvre » de leurs réflexions : accompagnement individuel, missions de conseil et depuis une date récente, formation (intra et inter). Certains s’appuient sur des méthodologies quand d’autres les rejettent. Un débat en soi.
Or, autre question, tout aussi essentielle, est-ce là, ce que les managers attendent des philosophes non d’entreprise, mais en entreprise ? Eh bien… oui et non.
De la tension naissent les possibilités d’équilibre
Oui, car aucune analyse, fût-elle géniale, ne peut suffire pour un décideur. Une évidence qu’il est bon de rappeler.
Non, car le risque est de voir les philosophes singer les consultants, bref, faire du « consulting », mais en moins bien et perdre ainsi leur vertu d’impertinence. Les décideurs commencent à sentir, confusément, le danger d’une « philosophaillerie » qui deviendrait une « practice» parmi d’autres.
Le point d’équilibre à trouver réside très exactement au point d’intersection de ces différentes lignes de tension (elles sont inévitables et peut-être même souhaitables). Entre le philosophe bien en peine de fournir à son client une facture d’honoraires en bonne et due forme (figure pittoresque mais devenue rare, convenons-en) et le penseur-requin incapable de sortir de ses « PPT » (j’y ai consacré une chronique ici), une géographie mentale émerge sous nos yeux : l’affirmation d’une vitalité de la pensée qui sait rester lucide, une volonté d’intégration du réel mais sans « réductionnisme », une stratégie de formation des hommes sans « conformation » des esprits.
En synthèse, un pari difficile autant que nécessaire.
Bonjour Jean Marc,
D’abord merci d’ouvrir cet espace de discussion…
Mais, désolé, par discussion, j’entends d’abord dispute, au sens très philosophique du terme… Donc j’entends me disputer un peu, avec vous et les futurs contributeurs de cette discussion…
Tout d’abord, un petit souvenir: j’ai assisté, il ya quelques années, à une conférence du philosophe A. Comte Sponville, à l’initiative du réseau Entreprendre sur le thème « L’entreprise est-elle morale? ». Le « philosophe » s’y est employé, dans une rhétorique parfaite, à démontrer que l’entreprise n’étant pas une personne physique, on ne pouvait lui attribuer des caractères dédiés aux personnes physiques, entre autres moraux… Sa conclusion était que l’entreprise ne pouvait aucunement être immorale, puis qu’elle était seulement amorale. Le public était aux anges.
Bien sûr ma réflexion du moment va sembler outrancière: je me suis juste dit qu’on pouvait appliquer ce schéma de réflexion à d’autres contextes, comme (excusez du peu) le régime national-socialiste il y a quelques 70 ans. Le régime nazi est-il immoral? Non, parce que ce n’est pas une personne. Donc, il n’est qu’amoral. Bye bye Nuremberg, Hannah Arendt, Primo Levi, and Cie…
Je n’avais pas alors beaucoup d’estime pour le « philosophe » sus-cité. Sa maigre prestation ne m’a guère surpris. Mais j’ai été beaucoup plus étonné par l’acquièscement serein de la petite centaine de dirigeants d’entreprise présents.
Cette ancienne anecdote et mon expérience professionnelle (dans un champ, semble-t-il, assez éloigné du vôtre) me conduisent à proposer à ce forum quelques interrogations:
– L’entreprise est elle une entité qui surplombe les individus qui y travaillent (autrement dit, en langage philosphique, est-elle transcendante?), ou n’est elle, in fine, que la résultante des manifestations de ceux-ci? (Voir à ce propos Hegel: critique de la raison dialectique)
– Si elle n’est qu’une résultante, donc une idée, un cloud, pourrait-on dire aujourd’hui, qu’est-ce qui fonde les principes de justice en son sein? Un modèle autocratique, hiérarchique ou démocratique? (Cf Jurgen Habermas: Théorie de l’agir communicationnel)
– En supposant (c’est pas gagné) que la justice de l’entreprise soit plutôt démocratique, son éthique (Weber) se situe-t-elle plus du côté de la conviction (Lévinas) ou de l’engagement (Ricoeur)?
Ma petite fréquentation des cadres d’entreprise me laisse penser que ce type d’interrogations n’est pas tout à fait leur pain quotidien, et, sans aucunement vouloir les déprécier, ils sont plus prompts à chercher quelque recette pour optimiser leur fichier-client ou amenuiser leurs immobilisations qu’à se libérer quelques heures pour tenter de comprendre ces braves Jurgen ou Georg Wilhem Friedrich.
Bref, il me semble que confronter aujourd’hui le monde de l’entreprise à l’univers de la philosophie est un voeu louable mais quelque peu naïf… Si toutefois certains étaient quand même intéressés par cette perspective, je me permets de leur proposer quelques intitulés de séminaires, forcément très attractifs (du moins philosophiquement parlant)
– Virez vos collaborateurs, avec Diogène
– Renoncez aux profits, grâce à St Augustin
– Exploitez les plus faibles, en lisant Nietszche
– Préparez la révolution, d’après Karl Marx
– Soignez-vous d’abord, selon Freud
Ce ne sont là que des premières propositions, dont j’aimerais avoir le loisir de discuter avec l’ensemble de la communauté.
Très cordialement
Bernard
La philosophie, non pas par de pieuses méditations mais comme un travail sur soi qui apporte une perpétuelle remise en cause dans notre rapport à nous même, à autrui et au monde. Ce n’est pas se recroqueviller, s’isoler du monde mais plutôt s’ouvrir aux autres, à leurs pensées, réflexions avec un autre regard plein d’humilité, de bienveillance. Exit les idées qui pourraient nous faire croire que ces postures nous amènent dans un état de soumission car la philosophie est un art de vivre, un état d’esprit, donc synonyme d’action. Philosopher, c’est échanger, partager des idées, communiquer en langage moderne, construire, progresser. Autant de qualités personnelles que nous pouvons développer qui nous éloignent du mal être, du stress, ou nous rapproche de la « sérénité », du bien être, de la créativité, donc d’une performance humaine. Pour autant si elle revient aujourd’hui dans l’entreprise c’est que nous avons perdu des millénaires de pensées dans notre société. D’où les deux questions : est-ce grave docteur ? Dans quelle mesure pouvons concilier philosophie et productivité ?
A vous lire
La philosophie : “une discipline… se présentant comme un questionnement, une interprétation et une réflexion sur le monde et l’existence humaine, ou encore comme un savoir systématique” (wikipedia.org). Vous aimez la controverse, Bernard, moi aussi !
Je suis assez d’accord avec votre raisonnement, mais vous ne nous parlez que de la “philosophie des autres” ! Une philosophie universitaire et suiveuse…
Revenons aux origines : n’est-il pas possible d’imaginer la philosophie comme une méthode critique permettant à tous ceux qui le souhaitent de mieux appréhender le monde qui nous entoure ?
En synthèse, un pari difficile autant que nécessaire, conclut cet article. Excellente conclusion à mon humble goût.
Quel pari ? Faire de la philosophie en entreprise ou bien être philosophe dans l’entreprise ? Produire ou dialoguer ? C’est bien là la complexité de ce pari.
L’entreprise, lieu de production et de performance semble bien éloigné des facultés oratoires et pieuses et parfois rigides méditations de nos philosophes. Considérons maintenant le sujet d’une autre manière par le véritable sens de la philosophie, au sens de la tradition antique : la philosophie comme manière de vivre (excellent ouvrage d’ailleurs de Pierre Hadot), qui amène un travail de soi sur soi. L’essence de la philosophie se rapproche alors d’une remise en question de nous même, à autrui, au monde. Ne serait-ce pas ainsi quelques vertus que nous voudrions voir chez nos managers, entrepreneurs et salariés, un remède contre les maux et le stress ? une porte ouverte vers la créativité, l’innovation, le performance, bref ce qui fait la vrai valeur de l’être humain.
Pour reprendre ainsi l’idée de Bernard (et puisque nous sommes dans le monde concurrentiel de l’entreprise O:)) je vous propose d’autres séminaires :
– recruter vos collaborateurs avec Epicure
– Découvrez vous et acceptez votre évolution avec Montaigne
– Aider les plus faibles avec Marc Aurèle
– Engagez la performance avec Descartes, Kant, Bergson
– Prenez soin de vous Pierre Hadot (exercices spirituels et philosophie antique)
Dans quel stage vous inscrivez-vous (budget illimité, vous pouvez vous inscrire aux deux !) ?
Philosophiquement votre
Pascal
Je dirais que c’est la philosophie qui est le nouveau territoire de l’entreprise.
Les clients comme les chefs d’entreprises sont des humains qui agissent et réagissent en humains. Les entreprises sont des conglomérats composées d’humains et créés par des humains. L’ensemble fonctionne donc humainement. Quand on a dit cela, on peut aussi dire que découvrir la finitude de l’homme empêche de croire que le plaisir simple suffit à remplir une vie. Et c’est bien de cela qu’il s’agit en fait. Le plaisir simple. Ou plutôt rapporté à une dimension économique l’intérêt. Je tiens pour une vérité Nietzschéenne seule philosophie applicable dans le monde de l’entreprise, voici pourquoi:
Rien n’est simple que ce soit en matière « d’humain » comme en matière d’intérêt économique. Pour rester comme je le pense dans une dimension Nietzschéenne et comprendre qu’au contraire l’Humain est toujours central, il faut comprendre que les principes de Nietzsche fonctionnent en antidote à Hegel chez celui pour qui l’humain doit rester au centre de toute considération et donc qui serait un partisan irréfléchi de la radicalité immanente. Plutôt le « Gai Savoir » Nietzschéen que la dialectique hégélienne de la « phénoménologie de l’esprit » contrairement aux apparences formulées par ceux qui n’ont qu’une vision partielle de la pensée de Nietzsche.
Et pour éviter tout malentendu il me semble nécessaire de définir ce que signifie être Nietzschéen. Le lieu commun d’une historiographie douteuse assimile platement « être Nietzschéen » et « être Nietzsche ». Cette sotte appréciation suppose qu’un Nietzschéen devrait reprendre à son compte la totalité des pensées de Nietzsche et se faire le répétiteur docile de ce qu’aura écrit le philosophe allemand du premier au dernier livre. Dès lors pour être Nietzschéen il faudrait recycler les propos de Nietzsche sur Socrate et l’idéal démocratique, adorer Wagner puis le détester avant de lui préférer Bizet, être fasciné par Schopenhauer mais aussi cesser de l’être un jour pour entreprendre de dépasser son nihilisme, croire à la théorie de l’éternel retour, souscrire au mécanisme ontologique du surhomme, assimiler le christianisme au socialisme comme idéologie du ressentiment etc… ce qui est ridicule.
Car où se trouve le corpus à vénérer ? Nietzsche a évolué, il a brûlé ce qu’il a détesté, il a déchiré des livres jadis adorés, il a cru au salut de l’Europe par l’opéra wagnérien avant d’incendier symboliquement Bayreuth, il a remplacé le compositeur de la Tétralogie par un épicure réchauffé au soleil de Portofino et Rapallo, etc… Faudrait-il emprunter le même chemin de l’auteur d’ »Ainsi parlait Zarathoustra » et marcher dans tous les sentiers tracés par lui ? Être Nietzschéen consiste donc non pas à penser comme lui mais à partir de lui c’est à dire fort de ses constats et de ses analyses raisonner en regard de ses découvertes fondamentales. Sa proposition de nouvelles valeurs et de nouvelles possibilités d’existence, son ontologie radicalement immanente ; sa pensée ni optimiste ni pessimiste mais tragique, son art de penser en dehors de l’institution universitaire, sa pensée de la douleur comme occasion de force (le fameux « ce qui ne me tue pas me rend plus fort ») du Gai Savoir. Et tant d’autres idées architectoniques d’une pensée hors institution.
Si donc on définit le Nietzschéen non pas comme celui qui fait de Nietzsche une fin à dupliquer mais un commencement à dépasser, alors, loin de la somme obscure des cours de Heideger, aux antipodes de ceux qui lisant la « Volonté de Puissance » à la lumière gauchiste de Mai 68 ou de Derrida déconstruisant systématiquement le texte et l’archive, celui qui pense au contraire que l’Humain est au centre de toute considération qu’elle soit économique ou humaine a alors pris Nietzsche au sérieux comme un sage invitant à vivre en Nietzschéen. D’où cette citation du philosophe allemand : « Celui qui a conçu ce qui est grand doit aussi le vivre ». Une hérésie pour les universitaires mais une réalité pour ceux qui collent à une réalité immanente. Une entreprise est grande, l’humanité est grande. Ce qu’elle produit de bon ou de mauvais l’est aussi.
Il faut voir en Nietzsche non pas un pessimiste qui refuse de s’avouer tel mais plutôt son optimisme volontariste comme une tentative de ne pas sombrer dans le pessimisme. On peut récuser le caractère opératoire de l’opposition entre pessimiste et optimiste au profit d’une autre grille de lecture : Le pessimiste voit le pire partout (c’est le cas de cette personne), l’optimiste le meilleur dans chaque chose, alors que le tragique ne voit ni le meilleur ni le pire, ni le bien ni le mal, ni le bon ni le mauvais, mais le réel tel qu’il est, ce qu’il est. Celui qui comprend Nietzsche dans ce sens vrai invite à aimer ce qui est.
Donc, pour revenir à la question l’Humain et donc l’entreprise a tout à voir là-dedans car à l’origine de tout. Il est l’essence vraie de toute création humaine et l’entreprise en fait partie qu’on le veuille ou non comme tout ce qui en découle. Ce n’est pas de l’existentialisme c’est la prise en compte d’une réalité tangible. Donc ignorer l’humain dans des relations d’affaires c’est adopter un nihilisme coupable et courir à coup sûr vers l’échec.
Enfin, « réduire l’économique au suivi du compte d’exploitation et à la maximisation quasi pathologique du profit pour le profit » est une tendance névrotique dont l’origine remonte à la création des échanges entre les hommes. L’esclavage dans les temps antiques en était un exemple. C’est une constante humaine et comme toute constante, à défaut d’être éradiquée au moins peut-elle être dirigée et améliorée.
Il viendra peut-être un jour où vivant dans un paradis exempt d’argent et de valeurs matérialistes les hommes connaîtront cette félicité mais très honnêtement ce n’est pas encore pour demain et en attendant, il va nous falloir rester dans cette réalité immanente en faisant nôtre cette déclaration : « ce qui ne nous tue pas nous rends plus forts » et utiliser cette force pour avancer en nous dotant d’outils pour y arriver. La philosophie en est un. Mais plus qu’elle ce sont les hommes et les femmes qui l’intègrent dans leur quotidien professionnel, qui en font la boussole de leur vie professionnelle qui sont la cheville ouvrière du succès que tout le monde espère. Elle est ce début de quelque chose qui vraisemblablement finira par nous dépasser car contre la vérité on ne peut rien. Et c’est tant mieux ! Ceux qui ont raison tiennent en leur mains et cela a toujours été ainsi l’outil de la vérité qui leur sert à asséner les coups capables de changer les choses.
Je crois que la philosophie doit rester sur ses prérogatives. Qu’elle soit pratique ou critique, elle doit demeurer cette discipline vouée à la compréhension du monde et à une recherche de la sagesse. Elle n’est alors pas dévoyée et je crois que c’est le chemin prioritaire sur lequel nous devons tous nous engager. Il faut s’atteler à former à la conscience philosophique, cela ne changera pas la finalité des entreprises, mais espérons a minima le bien-être des collaborateurs. S’il n’émerge pas strictement de la philosophie une sortie, il en restera de l’éthique, de la responsabilité et de l’humanisme.
User de la philosophie comme « technique » est une voie séduisante pour les entreprises mais ce n’est pas de la philosophie.
Si l’on essaye de forcer l’implémentation de la philosophie sur le terreau des entreprises, nous ne ressortirons qu’avec un ersatz de philosophie, qu’un saupoudrage de concepts et une vision parcellaire, déformée et usurpée de la philosophie. Nous pourrions même nous interroger sur le risque qu’encourt la philosophie si elle se mue dans un système capitaliste. l’entreprise a ses contraintes que la philosophie ne connaît pas, il semble que la philosophie a sa raison que l’entreprise ne comprend pas.
La philosophie ne doit pas se modifier, s’abaisser à l’entreprise pour pouvoir y pénétrer. Il est important de conserver une certaine pureté de celle-ci.
peut être faut-il voir la philosophie, prise comme une matière à penser, qui par la réflexion libère du dogmatisme culturel, social, économique ambiant qui nous impose de faire comme les autres parce que chez eux ça marche. L’esprit philosophique est une liberté de penser qui développe, met en lumière une créativité nécessaire au bon développement d’une entreprise. Penser Nietzsche, Socrate (ou autre gourou du top trois du monde entreprenarial) est effectivement une sottise car aliénant. Il est impossible d’être à nouveau eux comme le précise Pierre, soyons donc nous même avec notre Être, dans nos contextes, ici et maintenant.