Mai 212014
 

Risques PyschoSociaux (RPS)
Précisions sur le harcèlement et le stress

Formation Risques PsychoSociaux ISRI

Pour le Ministère du travail, les RISQUES PSYCHOSOCIAUX sont des risques professionnels qui portent atteinte à la santé physique et mentale des salariés. Compte tenu de la dimension multifactorielle des risques psychosociaux, se lancer dans l’élaboration de définitions sûres et certaines, nous semble un exercice périlleux, et, peut-être, sujet à controverses.

 

Précisions sur notre classement

En fait, il est plus avantageux de prendre connaissance des définitions émanant d’organismes tels que le ministère du travail, l’ANACT, le CNAMTS, l’INRS… Néanmoins, pour mieux les comprendre, nous préférons classer en deux catégories les risques psychosociaux plutôt que les définir :

  • les risques facteurs d’émergence,
  • les risques indicateurs d’alertes.

Précisions sur notre classement :

Par « risques psychosociaux facteurs d’émergence » nous entendons les risques, eux-mêmes générateurs de risques. Par exemple : les mauvaises conditions de travail, le stress, les harcèlements (moral, physique, sexuel et psychique), les conduites addictives, les discriminations…

Par « risques psychosociaux indicateurs d’alertes« , nous entendons les risques psychosociaux qui sont émergés, visibles, présents. Par exemple : les violences, la souffrance, la dépression, le syndrome d’épuisement professionnel (burn-out), les problèmes de santé mentale et physique…

Un autre classement possible

Un autre classement possible :

Pour Hervé LANOUZIERE, en charge du pilotage de la cellule de prévention des risques psychosociaux au ministère du travail, il y a quatre facteurs de risques au travail.

    • ceux liés à la charge de travail (cognitif, physique, intellectuel…),
    • ceux liés aux relations au sein du personnel (entre collègues, avec la hiérarchie…),
    • ceux liés aux tensions inhérentes à l’articulation entre la vie professionnelle et privée (crèche, parent malade…),
    • ceux liés à l’incertitude et à l’insécurité provoqué par des changements (de système de rémunération, d’équipe, de manager, une restructuration…)

En conséquence, les prestations incluant les Risques Psychosociaux devraient éclairer les regards des situations personnelles pour une approche des causes ancrées éventuellement dans le service, l’organisation ou l’organisme. De cette façon, les consultants-intervenants étudieraient les facteurs de risques selon un faisceau concomitant de l’organisationnel et de l’individuel en détaillant, chemin faisant, les liens de causalité entre les principaux Risques Psychosociaux.

Ceci posé, le problème des Risques Psychosociaux est tellement prégnant qu’il est susceptible d’altérer la santé des personnes et d’impacter la performance des organisation. Il s’en trouve deux aux configurations particulières.

  • le harcèlement moral en tant qu’il est la forme de violence la plus insidieuse rend toujours extrêmement difficile une restructuration de sa personnalité.
  • et le stress en tant qu’il est un risque sus-jacent et sous-jacent de la plupart des autres facteurs de risque.
Le harcèlement moral

Le harcèlement moral

Il est important de comprendre pourquoi, avec la manipulation, il fait aussi mal ? Pourquoi il a autant de pouvoir sur nous ?

En fait, lorsque le harcèlement moral perdure et qu’il n’y a pas ou peu de réseau de coopération, il touche à l’intime de soi ; c’est alors que la personne entre en phase de décompensation. Il y a des signes qui révèlent cela, déterminant les causes et les formes du harcèlement : individuelle, stratégique, institutionnelle, transversale.

Dans nos interventions, les consultants pistent les acteurs du harcèlement moral au travail (appelés aussi, les manipulateurs relationnels) à partir d’une grille révélatrice de 30 critères.

Le stress

Le stress

Le phénomène du stress est un cas un peu particulier. Il est généralement utilisé pour désigner l’ensemble des risques psychosociaux. En conséquence, le stress, lorsqu’il est ressenti dans la durée, est à la fois un facteur et une conséquence pour la santé.

Cette conclusion a été confirmée par le rapport remis au Gouvernement en 2008 : « […] causes et conséquences se rejoignent et se renforcent, de sorte que le gain de bien-être au travail qu’il serait possible d’obtenir par une réduction du stress a une chance sérieuse de réduire aussi les autres catégories de troubles ».

Cependant, lors de leurs interventions, les consultants sont souvent confrontés à une difficulté majeure, celle qui consiste à repérer les gens stressés car nombreux sont ceux qui vivent le stress en silence.

S’agissant du stress, ISRI procède sensiblement de la même manière que pour le harcèlement moral, à savoir : identification, causes et formes à partir d’entretiens individuels et de grilles-diagnostics permettant d’évaluer la profondeur, la durée, les origines et les éléments déclenchant/favorisant du stress.

Vous avez besoin d’informations supplémentaires sérieuses sur le stress et le harcèlement ? Je vous invite à lire cet article ISRI : Éclairer, identifier, reconnaître et dénouer, incluant une vidéo très instructive de l’université de Liège (12′) et un focus sur les conflits et sur les addictions.

Nota Bene

NOTA BENE :

Certains consultants ISRI sont spécialisés dans les situations de souffrance psychique, de mal-être aux causes variées, pouvant générer des conditions de conflits, de harcèlement, d’addictions, de stress, de violences, d’épuisement (burn-out)… Ils accompagnent, soutiennent et forment.

Les Risques PsychoSociaux sont une des quatre expertises ISRI avec le management des hommes, l’efficacité professionnelle et le développement social.

-> Prévenir et gérer les risques psychosociaux
-> outils de lutte contre les risques psychosociaux (interventions psychosociologiques)
-> sensibilisations et formations aux risques psychosociaux

L'auteur

Pour en savoir +

Jan 152014
 

Equi-Coaching : Mon Coach est un Cheval

Equi-coaching ISRI-CORNUET - Article témoignage photo 1 (ISRI)OU l’équi-coaching pour s’affirmer dans sa vie personnelle et professionnelle sans contraindre.

Retour de formation « Manager Autrement » sur pour douze cadres des Ressources Humaines, de la Qualité-production et de la Coordination de la société BORG WARNER. Ces témoignages sont diffusés avec l’aimable autorisation des participants de la société BORG WARNER, fabricant de boîtes de vitesse automobiles à Brive la Gaillarde (19).

C’est d’abord l’opportunité d’aller à la rencontre d’un, sinon du meilleur ami de l’homme : LE CHEVAL, en passant un moment « au vert ».

La rencontre avec le cheval dans son milieu naturel est l’occasion d’un retour à la terre, celle qui nous porte, qui nous nourrit, que nous nous devons de protéger mais aussi celle de nos racines.

Comme l’a dit Raymond AUBRAC, la plus petite feuille tout en haut d’un arbre doit sa vie à ses racines, alors n’oubliez pas les vôtres : VOS racines !

Presque tout le monde a  un lien plus ou moins lointain avec un cheval ou un poney. Soit par grand père ou arrière-grand-père fermier qui travaillait la terre avec ses chevaux, plus loin encore un ancêtre qui les utilisait pour la guerre, ou plus près de nous le souvenir du câlin d’un enfant avec un poney.

L’équi-coaching c’est vous donner l’occasion d’être dans l’assertivité :

Equi-coaching ISRI-CORNUET - Article Témoignage PHoto 2 (ISRI)« s’affirmer oui, s’imposer non »
ou s’affirmer dans le respect d’autrui.

Avec le cheval, cet animal vrai, authentique vous allez découvrir à quel point vous pouvez défendre votre  point de vue sans agresser les autres :

  • « Déstabilisant. Rappel des fondamentaux relationnel entre les hommes » (témoignage de Marie-Laure, participante à la session d’équi-coaching).

Exprimer librement vos sentiments ou encore  comment établir des rapports fondés sur la confiance et non sur la domination ou la contrainte.

  • « Bluffant ! Permet de revenir aux fondamentaux du contact et de la communication. Cela m’a permis de prendre conscience de l’importance de la confiance » (témoignage de Peggy, participante à cette session d’équi-coaching).

Vous comprendrez mieux (ou confirmez avec le cheval) pourquoi lorsqu’il y a une tension, il y a une résistance ; pourquoi quelques petites indications valent mieux qu’une grosse pression, qu’une simple modification d’attitude peut avoir plusieurs conséquences et qu’enfin le premier qui cède n’est pas forcément celui qui perd.

Equi-coaching ISRI-CORNUET - Article témoignage photo 3 (ISRI)

  • « L’Equi-Coaching est un outil surprenant. Le lien, l’échange avec les chevaux apportent un flot d’émotions exceptionnel. Je dirai, pour résumer, comment avec des exercices d’une simplicité infantile, comprendre ou mettre le doigt sur les relations humaines, sur des outils permettant d’améliorer considérablement la relation à l’autre » (témoignage de Emmanuel, participant à cette session d’équi-coaching).

Le cheval, ce coach extraordinaire vous en fera découvrir sur vous et vos capacités bien plus que vous ne l’imaginez, faites-lui confiance, faites-vous confiance !

 

L'auteur

Pour en savoir +

Écurie ISRI-CORNUET
la petite brosse – 45720 COULLONS

  • Une aire d’évolution
  • Un manège couvert 75 x 25 mètres
  • une petite carrière de 12 x 20 mètres

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Mar 282013
 

Cadre juridique et réglementaire des Risques Psychosociaux

Risques Psychosociaux isrifrance - BALANCE 2Bien que le lien de causalité entre le travail et l’état de santé de la personne soit difficile à démontrer devant un juge, les Risques Psychosociaux s’appuient sur une base juridique de plus en plus conséquente et précise…

 

I. Les obligations générales des employeurs

I) Les obligations générales des employeurs

en matière de santé/sécurité au travail s’appliquent aussi aux Risques Psychosociaux :

Cette directive place l’évaluation des risques professionnels au sommet de la hiérarchie des principes généraux de prévention, dès lors que les risques n’ont pas pu être évités à la source.

L’évaluation en amont des Risques Psychosociaux vise à connaître, de manière exhaustive et précise, les risques à traiter auxquels les salariés peuvent être exposés. Elle s’attache à tenir compte de l’évolution des techniques, avec le souci d’assurer la mise en œuvre du principe fondamental d’une adaptation du travail à l’homme.

  • La loi N°91-1414 du 31 décembre 1991 (PDF) qui transpose la directive de la CEE dans le droit français et l’introduit dans le Code du Travail
  • Le Code du travail :
  • Article L. 4121-1 (PDF) : « L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. »
  • Article L. 230-2 du code du travail traduit le droit communautaire en ce qui concerne l’évaluation des risques (article 6 de la directive – cadre), au regard de trois exigences d’ordre général  :
    – Obligation pour l’employeur d’assurer la santé et la sécurité des travailleurs (I de l’article L. 230-2)
    – Mise en œuvre des principes généraux de prévention des risques professionnels (II de l’article L. 230-2)
    – Obligation de procéder à l’évaluation des risques et mise en œuvre d’actions de prévention (III de l’article L. 230-2)
  • Le Décret 2011-1016 du 5 Novembre 2001 (PDF) :
    Il introduit deux dispositions réglementaires dans le code du travail : (articles de L 4121-1 à L 4121-5, L 4522-1,L 4612-9) :
    l’obligation pour l’employeur de créer et conserver un document transcrivant les résultats de l’évaluation des risques à laquelle il a procédé,
    la soumission en matière d’évaluation des risques au nouvel article qui porte sur le dispositif de sanctions pénales prévu en cas de non-respect par l’employeur des différentes obligations.
  • La circulaire DRT N°6 du 18 Avril 2002 (PDF) qui donne des précisions sur la méthode à utiliser pour effectuer l’évaluation des risques et fixe l’obligation d’en transcrire les résultats dans un document « le Document Unique ».
  • La loi de modernisation Sociale du 17 Janvier 2002 (PDF) favorise une approche multidisciplinaire et multifactorielle des risques professionnels (médicale, technique et organisationnelle).

La mise en œuvre de cette approche s’appuie sur le recours à des intervenants ou à des organismes habilités : les Intervenants en Prévention des Risques Professionnels (IPRP).

L’approche multidisciplinaire et multifactorielle procure à l’employeur les moyens de réaliser l’évaluation des risques en intégrant l’ensemble des champs de la santé / sécurité. Elle rend la démarche plus efficace et permet de pérenniser la prévention dans l’entreprise.

Les textes d’application de ces dispositions légales :

* Décret du 24 juin 2003 (PDF) : les services de santé au travail font appel aux compétences d’un Intervenant en Prévention des Risques Professionnels.
* Arrêté du 24 décembre 2003 (PDF) : Obligation de pluridisciplinarité dans les services de santé au travail.
* Circulaire du 13 janvier 2004 (PDF) : relative à la mise en œuvre de la pluridisciplinarité dans les services de santé au travail.

  • Code du Travail, Article L 1121-1

Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché.

  • Code du Travail, Article L 1321-2

Mention de l’interdiction du harcèlement dans le règlement intérieur

Jurisprudences s’appuyant sur l’obligation générale de sécurité

La Cour de Cassation estimant que de mauvaises conditions de travail altèrent la santé du salarié, ce dernier est fondé à réclamer des dommages et intérêts au titre du préjudice causé.

Au fil des Arrêts, la Cour de Cassation s’appuie de plus en plus sur l’obligation générale de sécurité. En application de la jurisprudence (Soc.11/04/2002), il s’agit d’une obligation non seulement de moyens mais de résultat.

Dans un arrêt du 17 février 2010, cette jurisprudence rappelle aux employeurs qu’il est de leur responsabilité d’assurer effectivement la protection de la santé et de la sécurité des salariés. Faute de quoi, leur responsabilité civile pourrait être engagée !

II. Les réglementations spécifiques aux Risques Psychosociaux

Risques Psychosociaux isrifrance - ROBE AVOCATII) Les réglementations spécifiques aux Risques Psychosociaux

A) La réglementation spécifique du stress

1. L’accord national interprofessionnel du 2 juillet 2008 sur le stress au travail :

Cet accord, signé par les organisations syndicales représentatives (employeurs et salariés) transcrit l’accord sur le stress au travail signé par les partenaires sociaux européens le 8 octobre 2004. Voici l’objet de cet accord :

  • augmenter la prise de conscience et la compréhension du stress au travail par les employeurs, les travailleurs et leurs représentants ;
  • attirer l’attention, le plus précocement possible, sur les signes indicateurs de problèmes de stress au travail ;
  • fournir aux employeurs et aux travailleurs un cadre permettant de détecter, de prévenir, d’éviter et de faire face aux problèmes de stress au travail.

2. L’arrêté du 23 avril 2009 (PDF) :

Cet arrêté ministériel étend l’accord du 2 juillet 2008 (PDF) et rend son application obligatoire. Il concerne tous les salariés quel que soit leur contrat de travail (CDI, CDD, intérimaires). Les accords de branche et les accords d’entreprise ne pourront plus déroger aux dispositions de l’accord interprofessionnel que dans un sens plus favorable aux salariés.

3. Les dispositions spécifiques applicables aux entreprises de plus de 1.000 salariés :

Le 9 octobre 2009, le ministre du Travail demande l’ouverture de négociations sur le stress dans toutes les entreprises employant plus de 1.000 salariés.

Les entreprises concernées doivent avoir engagé des négociations avec leurs partenaires sociaux avant le 1er février 2010 et conclu un accord.

Cet accord constitue un plan d’urgence pour la prévention du stress et des Risques Psychosociaux en général. Il a permis l’ouverture d’un débat qui donne toute sa place à la promotion du DIALOGUE SOCIAL comme DÉTERMINANT MAJEUR de la santé au travail.

4. Des recommandations de l’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) pour conduire les négociations :

  • La qualité de la conduite des négociations est aussi importante que le choix des actions.
  • Le processus de négociation doit être transparent. Un calendrier doit être formalisé avec les acteurs concernés.
  • Il est conseillé de mettre en œuvre un dispositif de veille et un processus d’évaluation qui visera, entre autres, à définir et expliciter les moyens et les choix opérés en fonction des contraintes et des ressources de l’entreprise.
  • La formation des acteurs de l’entreprise sur les Risques Psychosociaux et l’adoption d’un langage commun est un facteur de succès.
  • Les questions du travail doivent être débattus, et particulièrement, ses conditions de réalisation et d’évaluation.
  • La négociation doit pouvoir aborder l’entreprise en tant que système : les Ressources Humaines, le management, la qualité du travail, la santé et mettre en perspective ces dimensions avec les enjeux stratégiques de l’entreprise.

5. Le plan santé au travail 2010-2014

Le deuxième Plan Santé au Travail (PST) 2010-2014 a été présenté par le ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, lors du Conseil d’Orientation sur les Conditions de Travail (COCT) du 15 janvier 2010.

L’ensemble des éléments du plan d’urgence a été repris dans le cadre de ce Plan Santé au Travail 2010-2014, qui élève la prévention des Risques Psychosociaux au niveau de la priorité.

Jurisprudence sur le Stress : des sanctions lourdes en l’absence de plan d’action

Manquement à l’obligation de sécurité de résultat 

« La survenance d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle liés au stress démontre en tant que telle, l’inexécution de l’obligation de sécurité de résultat de l’employeur. »(article L 4121-1 du Code du travail )

B) Reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur

Le manquement à l’obligation de sécurité de résultat a le caractère de faute inexcusable lorsque l’employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié et s’il n’avait pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver.

Dans ce cas, si la Sécurité Sociale verse au salarié victime de l’accident du travail les majorations de rente et les indemnités complémentaires obtenues en réparation du préjudice subi, elle récupère ensuite ces sommes auprès de l’employeur. L’employeur supporte le coût résultant de la majoration de rente sous la forme d’une cotisation complémentaire (article L.452-2 du Code de la sécurité sociale).

Risque pénal non négligeable : Les entreprises s’exposent également à un risque pénal : plusieurs articles du Code Pénal prévoient des amendes (jusqu’à 30 000 €), voire l’emprisonnement, en cas de manquement à une obligation de sécurité ou de faute caractérisée (articles 121-3, 222-19 et R. 625-2 du Code Pénal).

Risques Psychosociaux isrifrance - MAILLETC) La réglementation applicable au harcèlement moral et à la violence au travail

1. Le harcèlement moral est interdit et réglementé à la fois par le Code du travail et le Code Pénal :

Le Code du Travail dans son article L. 1152-1 prescrit que « Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel » .

Il appartient au salarié d’établir les faits permettant de présumer qu’il est victime de harcèlement, tandis que le défendeur, au vu de ces éléments, devra apporter la preuve que les agissements en cause ne constituent pas un harcèlement moral « et s’appuient sur des éléments objectifs » (C. trav., art. L. 1154-1).

Article L 1152-5 : Tout salarié qui procède aux agissements définis à l’article L 122-49 est passible d’une sanction disciplinaire.

Article L 1152-4 : Obligation pour l’employeur de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de prévenir les agissements de harcèlement moral visées à l’article L 122-49 du Code du Travail.

En application de la jurisprudence (Soc.10/05/2001), l’employeur doit répondre des agissements des personnes qui exercent de fait ou de droit une autorité sur les salariés.

2. Accord-cadre du 26 avril 2007 sur le harcèlement (physique, psychologique et sexuel) et la violence au travail.

Cet accord-cadre, signé par les partenaires sociaux européens, fournit une trame d’intervention à adapter aux besoins de l’entreprise : analyse sans délai de la situation, impartialité, prise en compte des avis de toutes les parties concernées, sanction disciplinaire en cas de fausse accusation (pouvant aller jusqu’au licenciement), recours à un avis extérieur.

Cet accord attribue à l’employeur la responsabilité de déterminer, d’examiner et de surveiller les mesures appropriées à mettre en place lors de consultations avec les salariés et/ou leurs représentants.

3. Accord du 26 mars 2010 sur le harcèlement et la violence au travail

Ce nouvel accord est une transposition de l’accord-cadre du 26 avril 2007. Il prend en compte :

  • Les dispositions des législations européennes et nationales qui définissent l’obligation de l’employeur à protéger les salariés contre le harcèlement et la violence sur leur lieu de travail.
  • Le fait que le harcèlement et/ou la violence au travail peuvent prendre différentes formes, susceptibles de :
    • être d’ordre physique, psychologique et/ou sexuel,
    • consister en incidents ponctuels ou en comportements systématiques,
    • être exercés entre collègues, entre supérieurs et subordonnés, ou par des tiers tels que les clients, les consommateurs, les patients, les élèves, etc.,
    • aller de cas mineurs de manque de respect à des agissements plus graves.

Le harcèlement et la violence peuvent affecter potentiellement tout lieu de travail et tout salarié, quels que soient la taille de l’entreprise, son champ d’activité ou la forme du contrat ou de la relation d’emploi.

Le présent accord vient compléter la démarche initiée par l’accord national interprofessionnel du 2 juillet 2008 sur le stress au travail (signé le 24 novembre 2008) dont les dispositions abordent les aspects organisationnels, les conditions et l’environnement de travail. Celui-ci vise à identifier, à prévenir et à gérer deux aspects spécifiques des Risques Psychosociaux : Le harcèlement et la violence au travail.

Nécessité de prendre des mesures de protection collective visant à améliorer la santé et la sécurité au travail des salariés, de veiller à l’environnement physique et psychologique du travail. L’accent est mis sur l’importance du développement de la communication sur les phénomènes de harcèlement et de violence au travail, ainsi qu’à la promotion des méthodes de prévention de ces phénomènes.

Cet accord a pour objectif de :

  • améliorer la sensibilisation, la compréhension et la prise de conscience des employeurs, des salariés et de leurs représentants à l’égard du harcèlement et de la violence au travail afin de mieux prévenir ces phénomènes, les réduire et si possible les éliminer,
  • apporter aux employeurs, aux salariés et à leurs représentants, à tous les niveaux, un cadre concret pour l’identification, la prévention et la gestion des problèmes de harcèlement et de violence au travail.

Ces objectifs s’imposent à l’ensemble des entreprises, quel que soit leur effectif. Les modalités retenues pour les atteindre devront être adaptées à la taille des entreprises.

4. Arrêté du 23 juillet 2010 (JO du 31 juillet) qui complète l’accord du 26 Mars 2010 :

Le ministère du Travail lui confère une portée très large puisqu’il l’étend à tous les salariés et à tous les employeurs

  • Mettre en place une procédure de lutte contre le harcèlement

Obligation pour les entreprises, déjà sanctionnées par les juges, d’intervenir pour faire cesser tout agissement générateur de harcèlement moral ou de violence à l’égard de salariés. Le texte préconise notamment d’établir une « charte de référence » expliquant la procédure à suivre le cas échéant, éventuellement en l’annexant au règlement intérieur.

Une phase « informelle » peut notamment être prévue au cours de laquelle « une personne ayant la confiance de la direction et des salariés est disponible pour fournir conseils et assistance« . L’entreprise peut aller plus loin en mettant en place une véritable procédure de MEDIATION.

  • Traiter les plaintes

L’accord insiste : lorsqu’un salarié se plaint de faits de harcèlement moral ou de violence, sa plainte doit être suivie d’une enquête et « traitée sans retard ». L’employeur qui aurait été inerte sur ce thème deviendrait fautif.

  • Sanctionner les auteurs de harcèlement

L’entreprise doit expressément prévoir dans son règlement intérieur les sanctions applicables à l’égard de l’auteur des faits de harcèlement ou de violence. L’entreprise doit également se préoccuper du « suivi » du salarié victime de harcèlement afin de favoriser sa réinsertion, si nécessaire.

  • Repérer les violences

Parallèlement, les entreprises doivent prévoir un travail de recensement des problèmes de harcèlement et de violence. Ce diagnostic préalable doit permettre d’adopter les mesures adéquates. Les employeurs doivent notamment être vigilants, précise l’accord, à l’égard de certains indicateurs ou indices comme la répétition de conflits personnels, des plaintes fréquentes de la part de salariés, ou des passages violents à l’acte contre soi-même ou les autres.

  • Veiller à l’environnement de travail

Autre point important : l’accord reconnaît que l’environnement de travail, lui-même, peut être source de harcèlement moral. Cette position rejoint celle de la Cour de Cassation. Ainsi, l’accord invite les entreprises à veiller que leur environnement de travail reste équilibré, notamment, lors de réorganisation, de restructuration ou de changement de périmètre.

  • Prendre en compte les propositions du CHSCT

L’accord rappelle le rôle central du CHSCT dans ce domaine. Celui-ci peut proposer des actions de prévention en matière de harcèlement et de violence au travail. Si l’employeur les rejette, il doit motiver son refus.

  • Prévenir les incivilités

Enfin, l’accord traite également des violences auxquelles peuvent être exposés certains salariés sur leur lieu de travail, notamment ceux qui sont en contact avec le public. L’employeur doit faire cesser ces incivilités, et éventuellement envisager une assistance juridique pour le salarié.

Quelques pratiques de harcèlement

Quelques pratiques connues de harcèlement 

– Discréditer la personne.
– L’humilier sur son physique, son apparence.
– La priver de travail ou au contraire lui donner volontairement des objectifs inatteignables.
– Lui confier des tâches dévalorisantes ne correspondant pas à son niveau de qualification.
– Utiliser une technique de double contrainte : féliciter un salarié puis lui faire des reproches.
– L’isoler de son collectif de travail, de ses collègues.
– La placer dans une position de bouc émissaire.
– Surveiller la personne de façon irraisonnée…

Le harcèlement moral est un délit. Les sanctions sont élevées. Le Code Pénal punit d’un an de prison et 3.750 euros d’amende l’auteur de harcèlement. Le Code du Travail prévoit une peine d’un an de prison et 15.000 euros d’amende.

Risques Psychosociaux isrifrance - BALANCE JURISPRUDENCEJurisprudences sur le harcèlement moral :

  • Harcèlement moral : quand l’employeur ne respecte pas les indications du médecin du travail…

Le harcèlement moral peut être retenu à l’encontre d’un employeur qui ne respecte pas les indications du médecin du travail lorsqu’il déclare un salarié apte avec réserves. Cour de cassation, chambre sociale, 28 janvier 2010, n° 08-42616

  • Harcèlement, violences au travail : l’employeur est responsable même s’il a réagi

L’employeur manque à son obligation de sécurité dès qu’un salarié est victime de harcèlement ou de violences sur son lieu de travail, même s’il a pris des mesures pour faire cesser ces agissements. Cour de cassation, chambre sociale, 3 février 2010, n° 08-44019 et 08-40144 (obligation de sécurité de résultat)

  • Harcèlement moral : la durée des agissements importe peu

L’existence d’un harcèlement moral peut être reconnue même si les agissements qui en sont à l’origine se sont produits sur un laps de temps relativement court. Cour de Cassation, chambre sociale, 26 mai 2010, n° 08-43152.

  • Harcèlement moral : il ne peut pas être excusé par de bons résultats

Les qualités et compétences professionnelles d’un salarié ne peuvent pas effacer sa responsabilité en cas de harcèlement moral. Conseil d’Etat, 23 juillet 2010, n° 313685

  • Harcèlement moral : seul le salarié harcelé peut agir contre son employeur

Seul le salarié personnellement victime du harcèlement moral peut invoquer le manquement de son employeur à son obligation de sécurité, une victime indirecte ne le peut pas. Cour de Cassation, Chambre Sociale, 20 octobre 2010, n° 08-19748

  • Harcèlement moral : des méthodes de gestion peuvent le caractériser

Le harcèlement moral peut être caractérisé par les méthodes de gestion mises en oeuvre par un supérieur. Cour de cassation, chambre sociale, 27 octobre 2010, n° 09-42488 ;
Dans l’exercice de votre pouvoir de direction, vous managez comme bon vous semble votre entreprise. Mais ce mode de management peut-il devenir du harcèlement ? Attention, certaines méthodes de gestion ont été jugées constitutives de harcèlement moral. Et oui, la frontière peut être bien mince entre votre pouvoir de direction et le harcèlement moral… !

Le harcèlement survient lorsque votre salarié fait l’objet d’abus, de menaces et/ou d’humiliations répétés et délibérés dans des situations liées au travail.

Visitez notre page des prestations et des méthodes sur les Risques Psychosociaux.

L'auteur

Pour en savoir +

Mar 272013
 

Risques Psychosociaux :
Passer de l’évaluation à la prévention

Par Hervé Lanouzière
Conseiller technique à la sous-direction des conditions de travail à la direction générale du travail – Professeur associé à la chaire d’hygiène et de sécurité du Conservatoire national des arts et métiers. Directeur de l’ANACT au 1er décembre 2012.

 

Introduction

Introduction

Une fois l’évaluation des risques réalisée, l’article L. 4121-3 demande à l’employeur de mettre en œuvre « les actions de prévention ainsi que les méthodes de travail et de production garantissant un meilleur niveau de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs ». Au-delà des actions classiques de prévention, les méthodes de travail sont clairement identifiées comme devant contribuer à un meilleur niveau de protection de la santé.

Risques Psychosociaux - De l'évaluation à la préventionIl n’est donc pas seulement question de corriger les effets néfastes d’une méthode (on parle dans ce cas de prévention secondaire) mais d’anticiper ces effets avant même de l’implanter (prévention primaire). Celle qui garantit un meilleur niveau de santé doit être privilégiée. A défaut de pouvoir le faire, on réduira les effets indésirables identifiés par des actions de prévention. L’article L. 4121-2 énonce la démarche sur laquelle il faut s’appuyer pour y parvenir. Ce sont les fameux principes généraux de prévention qui irriguent toute la philosophie de la prévention des risques professionnels. Tentons de les appliquer aux risques psychosociaux et de les illustrer par un exemple courant, celui d’un service mettant les agents au contact des usagers.

Eviter les risques

« Éviter les risques »

Nous l’avons vu plus haut, le premier réflexe est souvent de considérer que le stress est inévitable. C’est inexact. D’abord, ce n’est pas le stress en tant que tel que l’on va chercher à éviter mais le risque résultant d’une exposition à une source excessive de stress. Si l’on s’en tient à la charge de travail, on s’interrogera systématiquement avec les opérateurs sur les raisons pour lesquelles on effectue telle tâche, celles pour lesquelles on l’effectue ainsi et l’obligation dans laquelle on est de l’effectuer ainsi. Bref, on s’intéressera aux déterminants du stress.

Il n’est pas rare, ce faisant, de découvrir, pour un dysfonctionnement identifié, l’existence de doublons résultant d’une mauvaise répartition des tâches entre services ou agents. La redéfinition des rôles et des fonctions peut conduire à la clarification des responsabilités respectives, la sécurisation des cadres d’intervention, la hiérarchisation des priorités, et in fine à éviter le risque.

ertes, dans l’exemple d’un service au contact du public, il n’est pas possible de garantir en toutes circonstances l’absence de tensions dans le face-à-face avec l’usager. Mais il possible d’en réduire sensiblement l’occurrence en combattant les risques à la source.

Combattre les risques à la source

« Combattre les risques à la source »

Ce principe essentiel illustre l’insuffisance des mesures de prévention qui se limitent à des actions de formation censées apprendre à « gérer le stress ». Ce faisant, on ne s’attaque pas à la source, c’est-à-dire à la cause. On peut certes former les agents à faire face aux incivilités d’un usager mécontent et agressif. Une réaction appropriée, sera bien entendu de nature à apaiser la situation. Mais il y a fort à craindre qu’une telle aptitude à résorber les conflits finisse par trouver ses limites si les motifs de récriminations des usagers ne sont pas traités. De telles mesures ne peuvent donc tenir lieu de politique de prévention des risques à la source.

On doit au contraire chercher à comprendre les causes du différend, ce qui conduira à s’intéresser à l’organisation du travail plutôt qu’aux aptitudes individuelles à faire face à l’adversité. Si les tensions proviennent d’un retard dans l’instruction de demandes, d’où vient ce retard ? Comment le résorber ? Si elles proviennent d’une trop forte affluence, comment éviter ou réduire l’attente des usagers ? Comment anticiper leur accueil aux heures et jours connus d’affluence ? etc. Combattre le risque à la source consiste donc plutôt à travailler sur la façon dont sont allouées les ressources en fonction de la charge de travail, plutôt que de tenter, vainement, de vouloir adapter l’homme à son travail, ce qui est contraire au prochain principe de prévention.

Adapter le travail à l'homme

« Adapter le travail à l’homme (…) »

On s’en tient souvent à cette seule partie de la locution mais il est important de relire ce principe en entier : « adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé ». Ce n’est donc pas à l‘homme qu’il revient de s’adapter à des conditions de travail dégradées, ce qui, appliqué aux risques psychosociaux, reviendrait à réduire la prévention à la recherche de profils particuliers. Mais c’est à l’organisation de fournir un cadre de travail compatible avec les capacités de l’homme, quelles que soient ses caractéristiques individuelles. Cela ne signifie pas que certains postes ne requièrent pas des aptitudes professionnelles particulières, mais que celles-ci doivent être identifiées en termes de compétences appréciées, recherchées ou valorisées comme telles, plutôt qu’en termes de capacité de résistance à l’adversité.

Prendre des mesures de protection collective

« Prendre des mesures de protection collective… »

…« en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle ». Ce principe est cher aux préventeurs. Appliqué aux risques psychosociaux, il montre encore les limites d’une approche exclusivement centrée sur la personne. Ainsi, de même qu’il n’est pas réaliste de demander à un travailleur de porter durant une journée complète un masque de protection respiratoire (il est plus efficace de capter collectivement les polluants à leur source d’émission), il n’est pas possible de faire reposer durablement la résistance aux situations de stress sur des mesures comportementales faisant exclusivement appel aux ressources psychologiques des intéressés. Car ces ressources sont épuisables et font porter sur le seul individu la responsabilité de gérer des conditions de travail tendues.

La protection collective, qui incombe à l’employeur, est un préalable à la mise en place de protections individuelles. Ces dernières doivent être réservées au risque résiduel, c’est-à-dire à la part qui ne peut être prise en charge par l’organisation collective. On peut ainsi préparer un agent à faire face à une situation de violence, toujours possible, mais on doit avant tout créer les conditions favorables pour que de telles violences ne se produisent pas, ou le moins possible. On préfèrera donc réorganiser les modalités d’accueil et de prise en charge des usagers dans une salle d’attente (aménagements des locaux, des guichets, des horaires, des procédures et formalités à remplir, renforcement des effectifs aux heures de pointe, etc.).

Donner les instructions appropriées aux travailleurs

« Donner les instructions appropriées aux travailleurs »

Il s’agit bien sûr d’informer sur les risques encourus et les moyens de s’en prémunir. De ce point de vue, les actions d’information et de formation déployées dans les plans d’action pour sensibiliser les agents et l’encadrement aux manifestations des risques psychosociaux sont importantes : qu’est-ce que le job-strain, le harcèlement ? Comment les reconnaître ? Comment y faire face ? Quels sont les facteurs concourant à leur apparition ?

Mais là encore, il ne s’agit pas tant d’apprendre à reconnaître un syndrome dépressif, qu’à savoir identifier une situation de travail à problème. Donner des instructions appropriées consiste alors à se doter de procédures de régulation (réunions de supervision, etc.) ou de prise en charge adéquates par des relais connus de tous dans l’entreprise (médecin du travail, service social, etc.). Face aux situations de détresse avérées, il s’agit de savoir activer l’équipe et les compétences qui vont permettre la prise en charge efficace de la personne en souffrance, là encore, afin de privilégier le cadre collectif plutôt que l’impasse du face à face personnel.

Retrouvez cet article au complet sur le site des Cahiers de la fonction Publique & de l’Administration.

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Pour en savoir +

Jan 132013
 

(+12 min de vidéo)

RISQUES PSYCHOSOCIAUX :
RECONNAÎTRE ET DÉNOUER

PREMIÈRE PARTIE

Risques Psychosociaux isrifrance - PLUS VITEPrévenir et gérer les risques psychosociaux nécessite une dextérité particulière parce qu’ils appellent souvent à une compréhension des enjeux et des identifications, ou à la diffusion d’une information sur le sujet tels les risques juridiques, les obligations, les relations interpersonnelles. L’ambition de ce dossier en trois parties est d’appeler à la compréhension des Risques psychosociaux et à leur sensibilisation.

introduction

dossier ISRI

Une fois que les deux parties ci-après seront lues, nous souhaitons que le lecteur ait des bases de compréhension, de méthode et d’action pour prévenir ou gérer les risques psychosociaux, et que, le cas échéant, il sache comment élaborer des plans de prévention sur son lieu de travail ou préparer une action d’intervention.

En conséquence, nous pointerons dans ce dossier les postures, les comportements et les attitudes à adopter pour s’informer, prévenir et préparer l’action à travers deux objectifs :

  • comprendre les risques psychosociaux au quotidien et dans son travail, leurs enjeux et leur développement afin que chacun puisse s’inscrire dans un rôle de préventeur en adaptant son comportement de collègue, de collaborateur ou de manager, d’encadrant ;
  • approfondir la connaissance des risques psychosociaux afin que chacun puisse être en capacité de proposer des actions de prévention et de faire progresser la réflexion sur le thème au sein de sa structure, son organisation.

Pour y parvenir, nous procèderons selon trois étapes, chacune d’entre elles faisant l’objet d’une Lettre :

  • Reconnaître et dénouer les trois nœuds : stress, harcèlements, conflits
  • S’appuyer sur les dispositifs de prévention et de gestion
  • Connaître les risques juridiques pour évincer les problèmes judiciaires
1. Eclairer

Risques Psychosociaux isrifrance - COCHONS1. ECLAIRER

Commençons par éclairer certains points pour mieux comprendre les principaux enjeux des risques psychosociaux.

Les Risques psychosociaux ont une dimension multifactorielle dans laquelle les éléments de la vie privée et les comportements sociaux sont intimement liés, ce qui les rend particulièrement difficiles à identifier.

Néanmoins, en prenant de la hauteur, il est possible de les distinguer et de les classer en deux catégories :

  • les Risques psychosociaux facteurs d’émergence et
  • les Risques psychosociaux indicateurs d’alerte.

Expliquons-nous :

  1. par « Risques psychosociaux facteurs d’émergence » nous entendons les risques eux-mêmes générateurs de risques, souvent sous-jacents, larvés, insipides, par exemple : les mauvaises conditions de travail, le stress, les harcèlements (moral et sexuel, psychologique), les conduites addictives, les discriminations… ;
  2. par  » Risques psychosociaux indicateurs d’alerte« , nous entendons les Risques psychosociaux qui ont déjà émergé, ceux qui sont apparents, clairement visibles, par exemple : les violences, la souffrance, le syndrome d’épuisement professionnel (burn-out), les problèmes de santé mentale et physique…

Alors, quelles en sont les sources, quels sont les facteurs de risques ?

Lors d’une interview accordée au journal L’Expansion, le 9 avril 2010, Hervé LANOUZIERE, en charge du pilotage de la cellule de prévention des risques psychosociaux au ministère du travail, expliquait qu’il y avait quatre facteurs de risques au travail.

  1. la charge de travail (cognitif, physique, intellectuel…),
  2. les relations au sein du personnel (entre collègues, avec la hiérarchie…),
  3. les tensions inhérentes à l’articulation entre la vie professionnelle et privée (crèche, parent malade…),
  4. l’incertitude et l’insécurité provoquées par des changements (de système de rémunération, d’équipe, de manager, de restructuration…).
2. Identifier

2. IDENTIFIER

Avant de chercher à prévenir et à réguler les risques psychosociaux, et particulièrement les trois nœuds que nous allons dénouer ci-après, le stress, le harcèlement moral et la gestion des conflits, le manageur devra d’abord apprendre à identifier quelles sont les principales sources de risque (ou facteurs de risques).

Flèche animée ISRIFRANCE bis A l’usage des managers :

Votre tâche sera facilitée grâce à deux modèles d’analyses que vous pouvez mettre en correspondance :

  • celui de « tension-régulation » de l’ANACT (D’après les fiches de l’ARACT et le Centre et l’Assurance Maladie Centre, p.4). Cliquez sur l’image :

Risques Psychosociaux - ANACT

  • et celui d’exigences / de contrôle de Karasek et Theorell (cliquez sur l’image) :

 

Risques Psychosociaux isrifrance - KARASEK

En faisant correspondre ces deux modèles, vous élargirez les regards de chacun sur sa situation personnelle vers une approche, voire la mise en exergue, des causes susceptibles d’être ancrées profondément dans le service, l’organisation ou l’organisme, et les personnes (personnel et encadrants).

Par voie de conséquence, vous pourrez étudier les facteurs de risque selon un faisceau concomitant de l’organisationnel et de l’individuel.

C’est alors que vous pourrez détailler les liens de causalité entre les principaux risques psychosociaux en construisant un schéma proche de l’exemple suivant (D’après la édition 2009) :

Risques Psychosociaux - ELVIE

Procéder ainsi permettra à vos collaborateurs d’exprimer leur vécu, vécu que vous pourrez ainsi mieux comprendre au travers de ces deux modèles et ce sans avoir fait nécessairement de hautes études de psychologie !

3. Reconnaître et dénouer

3. RECONNAÎTRE ET DÉNOUER

Nous allons maintenant nous pencher particulièrement sur trois risques psychosociaux majeurs : le stress, le harcèlement et les conflits interpersonnels. Nous bouclerons cette première partie sur les Risques Psychosociaux par un focus sur les addictions.

Diverses enquêtes montrent que le problème des risques psychosociaux est tellement prégnant qu’il est susceptible d’altérer la santé des personnes et d’impacter la performance des organisations, il s’en trouve trois aux configurations particulières que nous appellerons des nœuds :

  • nœud 1 : le stress en tant que risque sus-jacent et sous-jacent de la plupart des autres facteurs de risques. Pour le dire autrement : de la plupart des autres sources de risques psychosociaux.
  • nœud 2 : le harcèlement moral en tant que forme de violence la plus insidieuse ; et il est toujours extrêmement difficile pour la victime de parvenir à une re-structuration.
  • nœud 3 : les conflits interpersonnels en tant qu’ils existent par trois éléments essentiels : des sujets (des personnes, des groupes…), un objet (le différend) et une proximité fonctionnelle dans un système donné
Titre du spoiler

Nœud 1 : Le stress

Le phénomène du stress est un nœud un peu particulier parce qu’il est généralement utilisé pour désigner l’ensemble des risques psychosociaux.

En conséquence, le stress, lorsqu’il est ressenti dans la durée, est à la fois un facteur et une conséquence pour la santé.

Cette conclusion est confirmée par le rapport remis au Gouvernement en 2008 : « […] causes et conséquences se rejoignent et se renforcent, de sorte que le gain de bien-être au travail qu’il serait possible d’obtenir par une réduction du stress a une chance sérieuse de réduire aussi les autres catégories de troubles ».(1)Philippe Nasse et Patrick Légeron, in Rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psychosociaux au travail, remis à Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, 12 mars 2008

Ceci dit, dénouer le stress nécessite une organisation particulière de PRÉVENTION de la pression. A ce titre, vous pouvez regarder cette vidéo pédagogique d’une douzaine de minutes de l’université de Liège : Bien-être ou stress au travail : A vous de choisir

Risques Psychosociaux – Stress au travail

Changement personnel ISRI- Photo Bon à savoirA l’intention du manageur :

S’agissant du stress, vous procéderez sensiblement de la même manière que pour les autres nœuds, à savoir : identification, causes et formes.

Il vous faudra aborder une grande difficulté : savoir repérer les gens stressés parce que nombreux sont ceux qui vivent en silence leur stress.

Sur ce point, vous pouvez répondre à deux tests pour évaluer vos « tenseurs » intrinsèques afin de pouvoir repérer vos propres sources de pression : le de l’ARACT de Haute-Normandie (Le kit du stress au travail, cédérom réalisé par l’ARACT Haute-Normandie) et le

Harcèlement

Risques Psychosociaux - DIMINUENœud 2 : Le harcèlement moral

A ce sujet spécifique, les manageurs et autres responsables ont une position particulièrement malaisée.

En effet, comment identifier le harcèlement moral sans se tromper ? Quels en sont les signes, les causes et les formes ? Sont-elles individuelles, stratégiques, institutionnelles, transversale ? Ces quatre formes à la fois ou bien certaines seulement, par adéquation ou contextuellement ?

Autant de questions qui permettent de comprendre pourquoi le harcèlement moral et la manipulation font aussi mal, pourquoi ils ont autant de pouvoir sur nous.

En conséquence, le travail à l’usage du manager est de créer un RÉSEAU DE COOPÉRATION, car, lorsque le harcèlement moral perdure et qu’il n’y a pas, ou peu, de réseau de coopération, il touche à l’intime de soi ; dès lors, le salarié entre en phase de décompensation.

D’un point de vue juridique, les effets de la nouvelle législation a permis, à de plus en plus d’employés, de venir se confier à différents interlocuteurs : CHSCT, médecin du travail, associations… autant d’aides précieuses pour l’encadrant.

Néanmoins, l’actualité nous rapporte les difficultés rencontrées pour constituer « la preuve » en matière de harcèlement moral.

Par exemple, le procès pour harcèlement des quatre dirigeants de l’école de Sup de Co d’Amiens, qui aurait dû se dérouler les 24 et 25 mars 2011, a été reporté au seul motif que la loi sur le harcèlement moral est « indéchiffrable », même pour des professionnels.

En fait, la défense a soulevé une QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité) sur la loi concernant le harcèlement moral. Pour elle, « ce texte est totalement incompréhensible ». La QPC a été transmise à la Cour de cassation pour y être examinée.

De même, il est extrêmement difficile de « pister » les acteurs du harcèlement moral au travail, appelés aussi, les manipulateurs relationnels.

Le test de 30 critères mis au point selon des techniques systémiques de thérapies brèves, permet quelques pistes de réflexion.

Conflits

Nœud 3 : La gestion des conflits

Ici, le nœud est beaucoup plus facile à dénouer : le conflit étant particulièrement visible, il sera aisément loisible de le pointer.

Dans les organisations, les conflits entre personnes et entre groupes sont fréquents. Ils sont souvent considérés comme un facteur négatif. Néanmoins, une certaine dose de conflits est inévitable, voire, dans certains cas, nécessaire.

Il vous faudra vérifier que les conflits soient rattachés à la démotivation, à la rivalité et à l’opposition de systèmes de valeurs.

Ici, chacun aura intérêt à apprendre à communiquer avec assertivité.

Addictions

Focus sur les addictions

Voilà un sujet délicat lorsque l’on est attentif à la dignité humaine.

Ici, il sera souvent utile et avantageux de faire intervenir un professionnel qui pourra aborder les principales conduites addictives relevées en milieu professionnel (l’excès d’alcool, les psychotropes, la drogue et le tabagisme…), et les positionnements et les distances nécessaires et appropriées.

Ceci n’absout pas le manageur de provoquer un débat entre ses collaborateurs dans le but de définir, lister et reconnaître les différents types d’addictions dans son équipe. Procédure toutefois délicate, nécessitant beaucoup de tact, de tolérance et de solidarité.

Pour lire la deuxième partie du dossier, le lecteur est invité à cliquer ici. Nous y abordons les différents dispositifs de prévention et de gestion des Risques Psychosociaux.

NB : Ci-après, de nombreux outils gratuits sur le thème des Risques Psychosociaux sont mis à disposition. Servez-vous...

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Pour en savoir +

Risques Psychosociaux isri france - STRESS-TEST Répondre aux 19 questions du Stress-Test ISRI
(A partir d’une adaptation d’un test diffusé dans le programme d’aide Posaction de Solareh).

Notes de l`article   [ + ]

Jan 122013
 

Les bienfaits du massage dans la lutte contre le stress

Massage assis isrifrance Lettre 1301

Pratiqué depuis des millénaires, le massage joue un rôle très important dans le maintien d’une vie saine.
Dans notre société moderne, la fatigue nerveuse et physique de la vie quotidienne provoque des tensions, des raideurs musculaires. Le massage est un excellent moyen pour se détendre et lutter contre les tensions liées au stress.

En effet, le stress est souvent marqué par des muscles tendus qui provoquent des maux de dos, de la tête ou d’autres douleurs. Le massage permet de se détendre, de relâcher les muscles et ainsi de supprimer ces douleurs insupportables.

Massage assis isrifrance Lettre 1301 2Les massages-bien-être jouent, dans le domaine de la régulation du stress, un rôle capital : ils éliminent la fatigue, dissipent les charges émotionnelles, évacuent les tensions musculaires et facilitent la circulation sanguine. Ne portons-nous pas instinctivement nos mains sur la zone de notre corps endolorie par un choc ?

Les massages appartiennent au patrimoine de l’humanité. Transmis pour la plupart par les civilisations du moyen et de l’extrême orient, l’art du toucher a toujours été présent ne serait-ce que pour dénouer, évacuer, apaiser…

Un massage énergétique régulier contribue au renforcement physique et psychique de chacun. Il induit en regain d’énergie, un profond sentiment de bien-être, un stress diminué, des tensions soulagées, l’énergie stimulée.

Il est efficace à tout moment : le matin pour démarrer la journée, l’après-midi pour faire une pause et le soir pour décompresser.

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L'auteur

Pour en savoir +

Mar 012012
 

Panneau EXPERTISE ISRILa prévention et la gestion des Risques Psychosociaux

Les termes « risques psychosociaux » et « souffrance au travail » regroupent différents types de situations individuelles et collectives en milieu professionnel : mal-être, stress, souffrance, burnout (épuisement professionnel), usure professionnelle, harcèlement moral et sexuel, violence verbale et physique, tentative de suicide, suicide…

Les causes sont multifactorielles et les conséquences coûteuses aussi bien pour les personnes que pour les entreprises. Pour la santé des salariés concernés ainsi que les effets sur leur vie privée et leur devenir professionnel. Les coûts directs ou cachés pour les entreprises sont importants en termes de qualité, de productivité, de résultats, de climat social…

Risques Psychosociaux isrifrance - BALANCENous savons aujourd’hui qu’il est possible d’appréhender le sujet des risques psychosociaux de façon concrète, sereine et constructive pour les organisations et leurs salariés.

Soit au cas par cas : la structure intervenante peut être amenée à proposer alors des réponses sur mesure : formations, coaching, groupes de parole, soutien psychologique

Soit dans l’accompagnement à la mise en place d’un dispositif interne de prévention des risques psychosociaux adapté à votre entreprise. Dans cette démarche le consultant aide l’entreprise à mobiliser ses ressources dans la constitution d’un groupe projet, la réalisation d’un diagnostic RPS, l’évaluation des situations à risque et les plans d’action ad hoc, le choix des indicateurs et leur insertion dans le document unique.

Vignette RPS PASTILLE voir un exemple ISRI8 pages PDF image ISRINous présentons dans cet exemple une formation de sensibilisation aux risques psychosociaux sur trois jours. Cette prestation a été conçue à destination des membres d’un CHSCT.
L'auteur

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